En ce sinistre espace où règne le malheur Les fleurs poussent-elles encore au rythme des saisons ? Rien ne m’attache à elles, si ce n’est la douleur. Imaginer leur fin fait perdre la raison.
Aux racines coupées, seul le vide répond Le souvenir se heurte aux limites du temps. Blafard, aveugle et sourd, sans appui et sans fond Le pire est à venir et ce, pendant longtemps.
La mémoire retenue surgit de nulle part Elle oblige à l’effort et l’imagination. Quel dramatique instant que ce rêve en retard Qui saute allègrement nos deux générations.
Je n’eus pas de grands-pères pour m’apprendre la vie La nature, en chemin, s’est chargée de le faire. Je n’eus pas de grands-mères pour me donner l’envie D’écouter les histoires anciennes et familières.
En ce sinistre espace l’esprit a remplacé Ceux, qui morts ou vivants, étaient nôtres et fiers. Les fleurs ne poussent plus. Ont-elles jamais poussé ? La mémoire est trompeuse aujourd’hui comme hier…